Proposition de création d'un groupe de travail sur les indicateurs de la collaboration en recherches citoyennes et de son impact sur la société

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Proposition de création d'un groupe de travail sur les indicateurs de la collaboration en recherches citoyennes et de son impact sur la société

Date : 26 avril 2020

Auteurs :

Anne Jacquelin, Fabrique des territoires innovants, aj@la-fti.org
Evelyne Lhoste, Laboratoire interdisciplinaire sciences innovations sociétés, lhoste@inra-ifris.org

Statut : Document de travail

Objet : Cet appel a pour objectif de lancer un nouveau de groupe de travail pour répondre à plusieurs problématiques exprimées par des membres d'Alliss sur la collaboration et l'impact social : quels indicateurs ? quelles justifications

Il vise les membres du réseau Alliss, ou celles et ceux qui s’en sentent proches, pour contribuer à un groupe de travail autour des indicateurs de la collaboration et de l'impact des recherches citoyennes[1].

Celles et ceux qui sont intéressés par cette démarche, qui ont des éléments intellectuels, matériels ou du temps à y accorder, sont invités à contacter les auteures via la plateforme ou par mail.

1. LE CONTEXTE

Alliss est un réseau qui permet aux acteurs qui se considèrent comme faisant partie du tiers secteur de la recherche et aux chercheurs académiques [2] qui partagent leurs valeurs de se réunir pour concevoir, bâtir et négocier les conditions de mise en œuvre d’un changement de société. Nos valeurs convergent autour des questions envrionnementales, de transitions écologiques et de justice sociale.

Pour Alliss, il est indispensable d’accompagner et d’évaluer l’impact des politiques publiques sur les recherches citoyennes et sur les transformations sociales et environnementales qu’elles sont susceptibles de produire. Les diverses politiques publiques mises en œuvre aux niveaux régional, national et européen ont été peu, difficilement ou pas évaluées. Cependant,les projets de recherche citoyenne sont évalués dans les pays anglo-saxons, pour répondre aux besoins des acteurs et des financeurs.

Pour les organisations du tiers-secteur de la recherche, il faut répondre aux injonctions de plus en plus fréquentes de la part des opérateurs financiers et institutionnels vis-à-vis de deux aspects de leur travail, et de celui de leurs partenaires et prestataires de projets sociaux et de recherche :

  • la pluridisciplinarité ou l’association de métiers et d’exertises différentes comme méthode de travail;
  • la mesure d’impact comme mode d’évaluation, laquelle vient s'ajouter à la production du rapport financier, lequel permet l'évaluation de l'utilisation des ressources apportées par les financeurs.

Face à cela, nombreux sont celles et ceux qui répondent de façon plus ou moins professionnelle, faisant appel à des partenaires privés ou des experts académiques, afin de:

  • mettre en œuvre le travail en transdisciplinarité à deux niveaux : entre chercheurs des différentes disciplines et avec des acteurs de la société civile ;
  • mettre en avant les effets de leurs actions communes par des évaluations quantitatives et qualitatives adaptées.

Les formes et les méthodes de ces recherches, participatives ou non, et la diversité des acteurs impliqués légitiment des formes d’évaluation et d’accompagnement spécifiques. Celles-ci doivent prendre en compte les impacts sociaux, économiques, politiques et environnementaux. Des méthodologies, largement inspirées des pratiques anglo-saxonnes, sont utilisées et mises au point par un groupe de chercheurs du labororatoire interdisciplinaire sciences, innovations et sociétés (LISIS). Citons l'évaluation "chemin faisant" de projets de recherche partenariale et l'évaluation/accompagnement des Fonjep-recherche par des acteurs-chercheurs d'Alliss.

Malgré cette convergence d'intérêt, nous avons constaté qu’il existait peu de lieux permettant aux acteurs- chercheurs, de façon intersectorielle et interdisciplinaire, d’échanger sur les enjeux et les fonctions de l’évaluation des recherches citoyennes et des politiques publiques qui les portent.

2. LA PROPOSITION

Comme nous l'avons observé lors de notre participation aux groupes de travail "Intermédiations en recherche" et "FAIR", nous postulons que les croisements inter-associatifs, inter-discipliniaires et inter- sectoriels ont beaucoup à apporter aux acteurs/chercheurs dans une quadruple perspective :

1. mieux réfléchir à leurs propres expériences ;

2. produire des indicateurs fiables, qualitatifs et quantitatifs, de l’impact des recherches citoyennes dans ses différentes dimensions et à l'échelle des projets et des programmes ;

3. satisfaire les besoins des financeurs et des acteurs-chercheurs sur l’utilité des recherches citoyennes quant à leur résultats ;

4. comprendre les transformations en cours.

Dans ce groupe de travail, il s’agira de mettre en commun ces expériences afin d’en tirer un cahier des charges professionnel qui nous permette, individuellement mais aussi collectivement :

  • d’agir et d’accompagner les transformations que nous portons à notre échelle locale ;
  • de faire prendre conscience aux acteurs politiques de l'impact des recherches citoyennes et de transformer leurs représentations ;
  • et enfin de produire des cadres d'évaluation en cohérence avec les situations sociales locales et les valeurs portées par les recherches citoyennes d'une part, et les besoins des financeurs d'autre part.

Ce groupe de travail pourrait aborder des questions déjà soulevées par des acteurs-chercheurs, qui concernent de manière non exhaustive :

  • les apports des expériences passées dans les sciences ou dans les pratiques, les cadres politiques dans lesquels s’inscrivent et se développent les volontés ou les injonctions à la collaboration comme à l’évaluation d’impact ;
  • les enjeux éthiques portés par ce type de démarche, tant du point de vue des professionnels que des autres parties prenantes, mais également, du point de vue de l’économie générale, quels acteurs reçoivent plus d’injonctions à la transparence et aux résultats que d’autres ;
  • les enjeux méthodologiques, en rappelant les notions essentielles à comprendre concernant l’objet investigué avant d’opérer un choix ;
  • les enjeux opérationnels et matériels, fortement corrélés aux enjeux méthodologiques, qui permettent de dimensionner la collaboration et la mesure d’impact de manière réaliste. Ce sont des expertises qui, en tant que telles, nécessitent du temps, des budgets et des ressources financières ;
  • enfin, nous chercherons à rappeler le cœur de ce que les travaux sur l’évaluation, les indicateurs et la mesure nous ont apporté jusqu’à maintenant, et nous pourrons envisager de formuler une sorte de « principe de précaution » qui permette de relativiser les attentes des profanes face à la réinvention perpetuelle.

3. LE PROGRAMME DE TRAVAIL

Nous proposons plusieurs temps dans la mise en place de ce groupe de travail :

1. celui de l'état de l'art : apprendre à se connaitre, partager nos savoirs et travaux, dresser un état de l’art. Ce premier temps collectif pourrait être initié lors des assises Alliss ;

2. celui de la feuille de route : identifier nos objectifs et notre méthode ;

3. celui de la preuve de concept : proposer une version martyre de solution à nos besoins, qui permette d’aligner nos réflexions sur un objet concret à partir duquel nous produirons une première version d'un cahier des charges pour une méthodologie d'évaluation des impacts de la collaboration dans les recherches citoyennes (impacts individuels et collectifs) ;

4. celui du "test and learn" : tester et renforcer ce cahier des charges par des usages répondants aux besoins de chacun.e des membres du réseau Alliss et plus largement encore;

5. celui du plaidoyer : sensibiliser nos décideurs sur cet objet dont ils n’auront plus l’excuse de ne pouvoir s’en saisir « correctement » mais plus encore, leur faire prendre conscience du rôle fondamental qu’ils jouent dans la reconnaissance et le soutien aux recherches citoyennes et à ces nouveaux métiers et nouvelles compétences que sont les médiateurs, co-acteurs, animateurs, chefs de projets, connecteurs, évaluateurs, etc.

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  1. Nous reprenons ici la définition développée par Pierre-Benoit Joly dans deux articles récents (2020, Natures sciences sociétés et Cahiers de l’action) à savoir que les recherches citoyennes constituent un champ distinct des recherches scientifiques et industrielles. Elles s'en différencient notamment par les acteurs qui les initient, le tiers secteur de la recherche, les savoirs qu'elles produisent, et les valeurs qu'elles défendent. Les recherches participatives constituent l’une des formes prises par les recherches citoyennes, lorsqu’elles sont réalisées en coopération avec des laboratoires de recherche publique, de la même façon que les recherches partenariales constituent l’une des formes des recherches industrielles.
  2. Pour les promoteurs de ce groupe de travail, la dualité acteurs-chercheurs ne renvoie pas aux statuts respectifs d’acteurs sociaux et de chercheurs académiques. Elle renvoie plutôt aux postures des uns et des autres qui peuvent changer au cours de l’action en marche. Toutefois, pour schématiser les logiques de l’action et de la recherche, nous acceptons le vocable acteurs-chercheurs qui est au coeur des interactions qui surviennent dans les situations de collaboration.