Les boutiques des sciences ou le savoir comme bien commun

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Les boutiques des sciences ou le savoir comme bien commun
Davy Lorans


À la fin des années 1960 et au début des années 1970, la première « boutique des sciences » est née aux Pays-Bas. Émanant d’étudiants au sein de l’université d’Amsterdam, cette initiative prit d’abord la simple forme d’une boîte à questions mise à la disposition des groupes d’intérêts (associations environnementales, conseils de quartier, groupes de patients, etc.), qui pouvaient venir y déposer des questions ou des besoins, pour donner à la recherche académique l’opportunité de s’y pencher, voire de s’en saisir.

Démarrait ainsi ce qui allait devenir le « modèle néerlandais » de science shops, qui allait essaimer rapidement dans plusieurs pays limitrophes d’Europe du Nord (Allemagne, Danemark, Royaume-Uni) et qui consistait à favoriser la rencontre entre les préoccupations des laboratoires et celles des « simples » citoyens, rendant ainsi le monde d’excellence de la recherche accessible à la société civile, organisée mais souvent dénuée de moyens financiers suffisants, avec comme impacts sous-jacents et considérables une inversion dans l’origine des projets de recherche (d’une logique top-down à bottom-up) ; la montée en compétence des citoyens (via la familiarisation avec des méthodologies, concepts, langages, échelles de temps, etc. issus des disciplines scientifiques mobilisées) ; et l’essor des savoirs académiques et des savoirs profanes comme biens communs.



Les boutiques des sciences ou l’inversion d’un système


Une « boutique des sciences » – science shop en anglais, ou encore Wetenschapswinkel dans leurs Pays-Bas originels – est un dispositif qui propose aux citoyens de soumettre des besoins de connaissances (ou d’expertise, d’évaluation, de solutions...), afin que des étudiants et/ou des chercheurs travaillent à y apporter une réponse, ensemble et de manière accessible.
Si ce concept simple connaît des déclinaisons en fonction des différents contextes (notamment structurels, culturels et temporels), on retrouve de grands principes communs au fonctionnement de ces interfaces entre société et monde académique. Pour les synthétiser, suivons le processus chronologique classique d’un projet boutique des sciences : la soumission d’une demande sociale, son traitement par la boutique, l’entrée en jeu d’étudiants et de chercheurs, puis le retour à la société.
Ainsi, le public premier auquel une boutique des sciences s’adresse est plus précisément la société civile organisée (Civil Society Organizations [CSO] en anglais), c’est-à-dire des collectifs de citoyens plutôt que des individus. La raison est double, pratique et démocratique. En effet, l’expérience a montré que les projets montés sur la demande d’une seule personne pouvaient se révéler fragiles, le désengagement de celle-ci en cours de route étant possible pour de multiples causes (santé, déménagement, manque de temps, etc.) et faisant peser un risque de fin prématurée du projet sur les autres partenaires impliqués (étudiants, chercheurs, laboratoires, coordinateur de la boutique), alors que travailler avec une structure organisée facilite toutes les étapes d’un projet collaboratif, depuis la tenue de réunions de cadrage et de suivi jusqu’à l’organisation de la présentation des résultats auprès d’un public plus large afin d’en maximiser l’impact.
D’un point de vue démocratique également, il apparaît bien plus riche d’impliquer dès l’amont l’ensemble d’un collectif pour faire émerger une problématique commune. En découlera ainsi plus facilement la mobilisation d’un « groupe projet » qui suivra et appuiera les efforts sur le terrain des partenaires académiques. Dans les faits, on observe que c’est souvent une personne qui est à l’origine d’une démarche avec la boutique des sciences, parce qu’elle connaît le dispositif ou assure la présidence ou la direction de la structure. Mais c’est ensuite dans sa capacité à mobiliser les autres membres du groupe que réside du côté de la société civile l’une des conditions favorables au déroulement optimal d’un projet.
Voici les raisons qui expliquent que, depuis la naissance du concept aux Pays-Bas dans les années 1970 jusqu’à aujourd’hui dans de nombreux pays du monde, les partenaires premiers d’une boutique des sciences vont être des associations, des conseils de quartier, des coopératives, des fédérations, etc., en somme les structures qui composent le tiers-secteur tel qu’Alain Lipietz le définit [1].
Poursuivons le processus d’un projet boutique des sciences. Une fois que le collectif a identifié un ou plusieurs questionnements, il contacte la ou les personnes en charge du dispositif (lors d’une rencontre, par mail, par téléphone ou via un formulaire disponible sur l’éventuel site internet). Une rencontre physique est généralement organisée, afin pour les coordinateurs de mieux connaître la structure intéressée (sa taille, son fonctionnement, ses moyens matériels, etc.), de présenter plus en détail le déroulé d’un potentiel projet (dates, implication à prévoir, modalités matérielles, etc.) et surtout de bien saisir les contours de la demande, son origine et ses enjeux affichés ou sous-jacents.
Intervient alors, à ce moment dans certains modèles ou ensuite par l’entremise d’un comité scientifique dans d’autres [2], la phase emblématique d’une boutique des sciences : la reformulation. Il s’agit pour les scientifiques qui en ont la responsabilité, de transformer une question plus ou moins précise et formulée en langage courant, en un véritable sujet de recherche.


Exemple tiré d’un cas réel [3]


Question « brute » : « Face à une législation sur les semences de plus en plus mouvante et soumise aux traités internationaux, notamment le brevet américain, comment à l’échelle locale pouvons-nous agir et engager une réflexion pour la création d’un domaine public pour les variétés documentées ou renseignées par des enquêtes de terrain au niveau local ? »
Sujet reformulé : « À la lumière d’une étude bibliographique des données réglementaires et académiques concernant la question et d’une analyse du contexte et des pratiques, le stage visera à établir d’une part la réalité du cadre législatif entourant les semences et d’autre part les perspectives de faisabilité d’une appropriation collective de semences encore libres de propriété intellectuelle. »
L’un des paramètres conditionnant la définition du sujet concerne les modalités pédagogiques sur lesquelles s’appuie la boutique des sciences en question. L’ampleur donnée au projet ne sera ainsi pas la même si un sujet se voit confié à un groupe d’étudiants en cycle licence dans le cadre d’un projet tutoré de deux mois ou si son traitement incombe à un étudiant qui en fait l’objet de son mémoire de master dans le cadre d’un stage de six mois, ou encore à un doctorant dans le cadre par exemple des 224 heures d’une « mission de diffusion et de médiation scientifique ».
Une fois les sujets définis, ils sont proposés aux étudiants selon des modalités propres à chaque boutique : dans certaines en début d’année universitaire, dans d’autres en continu ; le plus souvent sur une page internet dédiée. Les modes de sélection varient également, depuis le principe « premier arrivé, premier servi » jusqu’à de véritables processus de recrutement (candidatures avec CV et lettre de motivation suivies d’entretiens).
Une fois l’étudiant [4] d’une discipline appropriée identifié, intervient la dernière étape, qui symbolise cette inversion dans l’origine des projets recherche : c’est en dernier lieu (mais non de la dernière importance) qu’un chercheur et éventuellement son laboratoire sont associés à l’équipe, pour assurer la supervision du projet. Si l’implication du scientifique tout au long du projet n’est pas quantitativement conséquente comparée à celle de l’étudiant sur le terrain, sa participation durant les phases décisives, comme la problématisation en début de projet ou le cadrage méthodologique, est cruciale et va apporter le gage de robustesse scientifique à l’étude que recherchent les citoyens qui s’adressent aux boutiques des sciences.
Et le retour à la société, en fin de projet, en découle : plus les structures du tiers-secteur sont convaincues de la qualité du travail accompli durant le temps de la recherche collaborative, plus elles sont actives pour valoriser les résultats de l’étude et en partager les enseignements et les préconisations auprès d’un public plus large que leurs seuls membres : réunions publiques, présentation devant les élus locaux, soirées-débats, communiqués de presse…
C’est l’un des impacts notables des dispositifs boutiques des sciences : non seulement des projets de recherche ou d’expertise émergent non plus des directions de laboratoires ou de facultés, mais au cours de débats les soirs ou les week-ends entre bénévoles d’association ou de conseils de quartier, mais surtout ce renversement entraîne une appropriation des projets par les citoyens, faisant d’eux des relais efficaces du travail scientifique, soudain devenu plus concret.


La montée en compétence des citoyens


Une fois résumé dans ses grandes lignes le fonctionnement commun à ces dispositifs quel que soit leur pays d’implantation, prenons un peu de recul pour nous interroger sur le rôle que jouent les boutiques des sciences dans le paysage sociétal.
Cette place apparaît d’autant plus nettement lorsqu’une nouvelle entité est créée sur un territoire d’où elle était absente depuis plusieurs décennies [5] ou sur lequel elle n’avait tout simplement jamais encore été expérimentée6. 6[6]
Les boutiques des sciences construisent des ponts entre des mondes souvent trop éloignés, voire déconnectés. Qu’elles soient adossées à une structure universitaire, comme c’est le cas le plus souvent, ou qu’elles se soient constituées elles-mêmes sous forme associative [7] par volonté d’indépendance, elles doivent pour bien fonctionner avoir un pied dans les deux sphères, civile et académique.
Pour fonctionner fluidement, les boutiques des sciences doivent être approvisionnées en continu en « demandes sociales », a fortiori dans leurs premières années d’existence, pendant lesquelles elles doivent se faire connaître, expliquer leur utilité et leur fonctionnement et rassurer les structures sur l’implication qu’engendrerait pour elles un projet de recherche collaborative. Pour cela, elles doivent tendre en continu une oreille attentive aux signaux faibles qui émanent de la société via ses groupes de citoyens actifs. Concrètement, il s’agit pour les coordinateurs des boutiques des sciences d’assister par exemple aux conseils d’administration ou aux assemblées générales d’associations « parapluie [8] », de participer aux forums associatifs annuels dans les communes, d’accorder des interviews aux médias locaux, de faire jouer le bouche-à-oreille : en somme, de mettre rapidement en place une stratégie de communication et de veille permanente adaptée aux réseaux et aux temporalités du tiers-secteur.
De fait, les besoins, les interrogations, les craintes, les mouvements et les tendances sont diffus mais bien réels dans un paysage en évolution permanente. En effet, la société civile est composée d’une multiplicité de structures de taille et de longévité très hétérogènes. À titre d’exemple, le secteur associatif français est particulièrement développé, mais aussi en renouvellement perpétuel. À côté d’une myriade de petites structures, souvent inféodées à un territoire limité (un village, un quartier, etc.) et/ou à une activité bien précise (la défense de tel cours d’eau, la restauration de tel élément du patrimoine, etc.) et dont la vitalité repose généralement sur l’engagement sur une période donnée d’un noyau dur de quelques bénévoles, on trouve des structures plus « professionnelles » pourvues de salariés. Bien qu’elles soient dotées d’un périmètre souvent plus large (promotion des modes de déplacement doux, éducation à la santé, etc.), leur longévité plus grande peut néanmoins être soudainement et fortement impactée par les changements politiques locaux et les variations de subventions qui peuvent en découler.
Dans tous les cas, que le groupe soit formé de personnes à la retraite qui souhaitent se rendre utiles à la collectivité, d’actifs qui trouvent un peu de temps pour se consacrer à l’objet de leur passion ou de salariés qui trouvent dans ces structures une forme de travail en cohérence avec leurs valeurs, un point commun relie ces citoyens : des valeurs (et souvent une personnalité) fortes et une envie d’agir passionnément pour un objectif qui pour eux fait partie intégrante du bien commun.
En offrant un appui, même modeste (un travail d’étudiant peut ne pas aboutir aux résultats escomptés), à ces personnes, une boutique des sciences leur donne une attention qui peut parfois être reçue comme une reconnaissance après des années d’engagement discret sur le terrain : « Cela fait 20 ans que je voulais faire un projet comme celui-là ! », « Toute ma vie j’ai rêvé de pouvoir recevoir l’aide de scientifiques pour confirmer ce que mon expérience me faisait pressentir [9] » Avant une montée en compétence, une participation à l’« aventure » d’une collaboration de plusieurs mois avec l’université vient donc d’abord valider des constats ou des hypothèses empiriquement affinés par les citoyens au fil de leur expérience.
Les « savoirs profanes » recueillent ensuite avec ces projets de recherche l’enrichissement de références bibliographiques, de concepts et de vocables issus de disciplines scientifiques cohérentes avec la mission de la structure, tout en expérimentant aux côtés des étudiants et des chercheurs la rigueur des méthodologies choisies pour la phase de terrain. Reconnaissance de l’intérêt de leur travail, confirmation de leurs intuitions d’experts non académiques, découverte des méthodes et des temporalités de la recherche : voici résumés les principaux types de bénéfices que retirent les personnes des collectifs qui s’impliquent de A à Z dans les projets que les boutiques des sciences consacrent à leurs besoins.
Et, à la fin, ces structures de la société civile qui osent ouvrir leurs portes à des yeux extérieurs repartent de ces collaborations avec un rapport de synthèse marqué du sceau de l’Université : un document symbolique, car, comme cela a été souvent observé lors d’évaluations post-projet, il ouvre par la suite plus facilement la porte des partenaires institutionnels à ces mêmes structures. Au-delà d’un empowerment « technique » plus ou moins mesurable selon les cas, les boutiques des sciences développent très certainement la légitimité des collectifs sur leur territoire.


L’essor des savoirs académiques et des savoirs profanes comme biens communs


Nous avons observé « la rive citoyenne », avec le rôle joué par les boutiques des sciences pour le tiers-secteur. Mais de l’autre côté du pont que forment ces dispositifs, la sphère académique tire également des bénéfices d’un renforcement des liens avec la société civile. Les étudiants, déjà citoyens et pour certains futurs chercheurs ou composants de ce tiers-secteur, sont peut-être les premiers concernés par les apports de ces projets. En effet, d’une part, dans plusieurs modèles de boutique, ces expériences sont menées dans le cadre de leur cursus [10] et les crédits ECTS [11] en jeu peuvent conditionner l’obtention de leur diplôme. D’autre part, ce type de projet diffère des parcours jusqu’ici en vigueur dans les formations de l’enseignement supérieur (stages en entreprise ou dans une collectivité locale pour les filières professionnelles, en laboratoire pour les parcours recherche, par exemple). En apportant une troisième voie dans les choix d’orientation, les boutiques des sciences non seulement proposent quantitativement un élargissement des possibilités offertes aux étudiants, mais surtout permettent à ceux, de plus en plus nombreux, qui en ressentent le besoin fort, de mettre concrètement en cohérence leur formation théorique avec leurs valeurs citoyennes.
Pour les chercheurs qui répondent favorablement à la proposition de superviser des projets, on retrouve également parfois ce souhait de faire bénéficier la société civile de leur expertise dans un domaine ad hoc, et ainsi de concourir au développement d’une « science impliquée [12] ». Pour d’autres enseignants-chercheurs, contribuer à ces projets collaboratifs sortant de l’ordinaire académique revêt un autre avantage : alimenter leurs travaux personnels, que ce soit de recherche (en fournissant de nouveaux terrains/groupes sociaux d’étude, par exemple) ou d’enseignement (en procurant des cas concrets et actuels sur des questions « socialement vives [13] », qui enrichiront les cours d’étudiants dans d’autres cycles, souvent pour des étudiants plus jeunes, élargissant ainsi l’impact des projets des boutiques des sciences).
Et plus globalement, pour les établissements d’enseignement supérieur et de recherche (universités et grandes écoles), ce type d’outil contribue à façonner leur ancrage sur un territoire, en structurant, valorisant et normalisant progressivement les liens entre activités pédagogiques et de recherche d’un côté et acteurs de la société civile de l’autre.
Cette évolution est certes lente, mais elle connaît depuis maintenant plus de dix ans le soutien important de la Commission européenne, via les Programmes-cadres 6, 7, puis actuellement Horizon 2020. Cette politique volontariste de promotion d’une recherche « avec et pour la société » a d’abord contribué à la diffusion [14] du concept de science shop, considéré comme un modèle efficace et adaptable au-delà des variations culturelles de l’Union. Aujourd’hui, certains projets en cours vont plus loin, en s’appuyant sur les boutiques des sciences existantes pour en faire les vecteurs d’une recherche et innovation responsables [15] (RRI) dans les institutions qui les accueillent et plus largement sur les territoires où elles opèrent. C’est ainsi le cas du projet Enhancing Responsible Research and Innovation through Curricula in Higher Education (EnRRICH), dont l’objectif est d’introduire petit à petit dans les formations supérieures, par ce type de projets collaboratifs, l’habitude voire l’évidence d’associer systématiquement désormais la société civile aux projets qui sont menés. C’est un objectif valable pour les étudiants mais aussi pour les équipes enseignantes, les laboratoires et la gouvernance. Et au-delà de ce lien avec les citoyens qui est consubstantiel aux boutiques des sciences, les autres dimensions [16] de la RRI, telles que l’égalité des genres, l’éthique et la libre diffusion des connaissances, doivent aussi être de plus en plus intégrées dans les projets futurs, afin de constituer des compétences prioritaires et un socle commun de savoirs pour les acteurs de demain.
En conclusion, les boutiques des sciences créent de véritables interfaces entre la société civile et l’enseignement supérieur et la recherche, deux mondes aussi composites, évolutifs et complexes à décrypter l’un que l’autre vu de l’extérieur, d’où le besoin d’un dispositif de médiation, afin de traduire en continu et dans les deux sens les attentes des uns et les compétences des autres. Et de facto, les projets qui découlent de cette mise en lien sont avant tout des aventures humaines, qui durant plusieurs mois vont réunir des citoyens (actifs), des chercheurs (impliqués), des étudiants (engagés) et des médiateurs, passionnés par le dispositif et la richesse des problématiques et des rencontres qu’il favorise. Et au-delà des différences de culture, de génération, de langage ou encore d’échelle de temps entre les partenaires, les boutiques des sciences agrègent ainsi autour d’elles, lentement mais sûrement, une communauté où prédominent engagement et synergie entre les savoirs.
On ne peut donc que regretter que ces modèles, sources peu onéreuses de convergence d’intérêts et de compréhension mutuelle, et si utiles pour favoriser le dialogue entre les sciences et les sociétés, partagent hélas un dernier point commun par-delà les frontières : la difficulté d’obtenir un financement pérenne… Dès son émergence il y a près de 50 ans, ce concept fondé sur l’interculturel, l’interdisciplinaire, l’intergénérationnel a suscité des échanges entre les universités d’Europe. Aujourd’hui et demain, à l’instar du projet européen dans son ensemble, les boutiques des sciences devront manifestement continuer à clamer leur évidence : « L’égoïsme sacré du nationalisme restera toujours plus accessible à la moyenne des individus que l’altruisme sacré du sentiment européen, parce qu’il est toujours plus aisé de reconnaître ce qui vous appartient que de comprendre votre voisin avec respect et désintérêt. […] Si notre idée doit avoir des effets réels, nous devons donc la faire sortir de la sphère ésotérique des discussions intellectuelles et consacrer toute notre énergie à la rendre visible et convaincante pour un cercle élargi [17] » (Stefan Zweig)


Auteur


Davy Lorans est médiateur scientifique, chargé de projets Boutique des sciences et programmes européens (direction Culture, Sciences et Sociétés, Université de Lyon). Il est chargé, depuis 2010, du développement et depuis 2013 de la gestion du dispositif de recherche participative « Boutique de la science ». Il s’est également impliqué dans le lancement et la coordination de plusieurs formations doctorales (dont « Ma thèse en 180 secondes » et « Dialogue entre les sciences et la société »). Il a participé en parallèle aux projets européens PERARES de 2010 à 2014 et au montage de projets dans le cadre du programme européen Horizon 2020 : EnRRICH (2015-2018) et InSPIRES (2017-2020). Côté société civile, Davy Lorans est impliqué dans plusieurs associations et dans un conseil de quartier. Il est diplômé de l’École Supérieure de Commerce de Bordeaux (Kedge Business School) et du Master 2 de recherche en géographie « Interface Nature Société » à l’université de Lyon (Lyon 3, ENS, Lyon 2).

© Institut de la gestion publique et du développement économique, 2017

Conditions d’utilisation : http://www.openedition.org/6540



  1. Alternatives économiques Hors-Série Poche, nº 22, janvier 2006
  2. La boutique des sciences de l’université de Lyon a mis en place dès son lancement en 2013 un comité composé d’une douzaine de personnes, dont un quart de représentants de la société civile, auxquels s’ajoutent des chercheurs et des enseignants-chercheurs formant un panel représentatif de la diversité des institutions et des disciplines que compte la Communauté d’universités et d’établissements (COMUE). Son rôle est de sélectionner puis de reformuler parmi les demandes sociales collectées celles qui allient à la fois un intérêt scientifique et un intérêt général, c’est-à-dire dont les résultats futurs présenteront une utilité potentielle pour une frange de la population au-delà du seul collectif à l’origine du sujet (les synthèses des résultats étant en effet diffusées sur http://boutiquedessciences.universite-lyon.fr, consulté le 20/04/2017).
  3. Projet actuellement mené à l’université de Lyon et dont les résultats ont été diffusés en octobre 2016, en ligne sur http://boutiquedessciences.universite-lyon.fr/projets/propriete-collective-de-varietes-locales-de-semences-analyse-du-cadre-juridique-et-des-pratiques-en-conditionnant-la-faisabilite-328155.kjsp?RH=1393337794144, consulté le 20/04/2017.
  4. Des échanges entre coordinateurs de différentes boutiques des sciences, notamment au cours des conférences internationales biennales organisées par le réseau Living Knowledge (qui rassemble les multiples initiatives liant monde académique et société civile de par le monde, de type science shops, community based research, service learning, etc., (www.livingknowledge.org, consulté le 20/04/2017), ont montré que dans plusieurs territoires aussi différents que l’Afrique du Sud et la France, c’étaient en nette majorité des profils féminins qui étaient attirés par ces projets différents, où le partage de valeurs est une forte composante.
  5. Comme à Lyon, où avant le lancement en 2013 d’une boutique des sciences à l’échelle de la COMUE, la première et dernière initiative similaire (à l’université Lyon 1) avait cessé une vingtaine d’années plus tôt. Sa création avait coïncidé avec l’arrivée en France du concept dans les années 1980. Une série de structures avait ainsi vu le jour dans les campus des principales villes de France, avant qu’elles ne s’effacent les unes après les autres : animées souvent bénévolement par des personnels, des chercheurs ou des étudiants « militants », leur pérennité avait pâti d’un manque de soutien de la part tant des directions des établissements elles-mêmes que des partenaires publics sur les territoires.
  6. C’est par exemple le cas récemment à Haïti, où une boutique des sciences baptisée « Savoirs Pour Tous (SPOT) » a été créée le 2 mars 2016, grâce à l’appui de sa consœur de l’Université Laval (Québec) « Accès Savoirs ». Voir en ligne http://lenouvelliste.com/lenouvelliste/article/160194/Savoirs-pour-tous-SPOT-une-autre-maniere-de-servir-la-communaute-haitienne, consulté le 20/04/2017.
  7. À l’image de la structure trentenaire de Bonn, en Allemagne (http://www.wilabonn.de, consulté le 20/04/2017).
  8. Associations recevant elles-mêmes l’adhésion de dizaines d’autres structures, formant ainsi des têtes de réseau assez représentatives d’une activité sur un territoire donné (régional, départemental, municipal).
  9. Verbatim recueillis auprès des référents associatifs lors de deux projets de la boutique des sciences de l’université de Lyon en 2015 et 2016.
  10. Stage du second semestre de master 2, dans le fonctionnement classique à l’université de Lyon.
  11. European Credits Transfer System (Système européen de transfert et d’accumulation de crédits) : système de points développé par l’Union européenne qui a pour but de faciliter la lecture et la comparaison des programmes d’études des différents pays européens. Voir en ligne https://fr.wikipedia.org/wiki/Syst%C3%A8me_europ%C3%A9en_de_transfert_et_d%27accumulation_de_cr%C3%A9dits, consulté le 20/04/2017.
  12. COUTELLEC (L.), La science au pluriel. Essai d’épistémologie pour des sciences impliquées, Éditions QUAE, 2015.
  13. URGELLI (B.), LE MAREC (J.) et BABOU (I.), Environnement, questions socialement vives, développement durable : approches disciplinaires et modes d’implication, 2006.
  14. À l’image du projet Public Engagement with Research And Research Engagement with Society (PERARES), voir en ligne http://www.livingknowledge.org/projects/perares, consulté le 20/04/2017.
  15. Ou Responsible Research and Innovation. Voir en ligne https://en.wikipedia.org/wiki/Responsible_Research_and_Innovation, consulté le 20/04/2017.
  16. Outre le public engagement, les autres piliers d’une recherche et innovation responsables au sens de la Commission européenne sont : science education, open access, ethics et gender et désormais également governance, sustainability et social justice.
  17. ZWEIG (S.), Appels aux Européens, trad. J. Le Rider, Bartillat, 1934.